Bornes de recharge ouvertes au public : un maillage à construire

En un an, le nombre de points de charge ouverts au public en France a bondi de 30 %. Une progression notable, mais encore insuffisante face aux enjeux. Si les acteurs privés se sont largement mobilisés pour développer l’infrastructure, notamment sur les axes autoroutiers et dans les zones commerciales, les collectivités territoriales ont toujours un rôle central à jouer. Leur implication est indispensable pour assurer un maillage équilibré du territoire et garantir un accès équitable à la recharge, y compris dans les zones rurales ou moins denses.

Depuis plusieurs années, la France figure parmi les pays européens les plus dynamiques en matière d’infrastructures de recharge pour véhicules électriques. En nombre absolu, elle se positionne même au deuxième rang européen derrière les Pays-Bas. Cette dynamique est soutenue par une hausse constante du nombre de véhicules électrifiés en circulation, avec plus de 2 millions de modèles 100 % électriques ou hybrides rechargeables sur les routes début 2025. Le gouvernement ambitionne d’atteindre les 8 millions d’ici 2030, ce qui suppose une montée en puissance tout aussi ambitieuse des infrastructures.

Selon le baromètre réalisé par l’Avere-France et le Ministère de la Transition écologique à partir de la base des données de Gireve, la France comptait 159 963 points de recharge ouverts au public à fin février 2025, soit une hausse de 30 % en un an.

Dans le détail, les bornes ouvertes au public sont aujourd’hui principalement concentrées dans quelques types d’emplacements. La majorité d’entre elles sont installées sur les parkings de commerces (43 %). Arrivent ensuite les parkings (33 %), la voirie (17%) et les sites d’entreprises accessibles au public (5 %).

En matière de puissance, le nombre de points de recharge rapide (150 kW et plus) a connu une hausse significative. Passant de 19 848 en février 2024 à 31 335 en février 2025, il a augmenté de près de 60 % en un an. Parallèlement, la charge lente et accélérée (50 kW et moins) a bondi de 24.3 %, passant de 104 498 à 129 872 points de charge accessibles au public.

L’importance d’un maillage visible, accessible et équitable

Si les acteurs privés ont joué un rôle moteur dans le déploiement des bornes de recharge au cours des dernières années, les collectivités continuent de constituer un levier majeur. A elles seules, les bornes portées par les opérateurs privés ne permettent pas de couvrir l’ensemble des usages.

Aujourd’hui, les bornes de recharge ouvertes au public ne représentent que 7 % du nombre total de bornes installées sur le territoire. En d’autres termes, la grande majorité des points de recharge existants sont situés dans des espaces privés, réservés à un usage résidentiel ou professionnel, ce qui limite leur impact dans l’espace public.

Dans les grandes métropoles comme dans les territoires ruraux, nombreux sont les habitants qui ne peuvent recharger leur véhicule à domicile. En l’absence de solution privée, ils doivent pouvoir facilement accéder à une borne publique proche de leur lieu de résidence ou de passage. Ce besoin est d’autant plus crucial que la disponibilité réelle des bornes – bien que satisfaisante (87 % selon le baromètre de l’Avere) – ne suffit pas à compenser le manque de points de charge dans certaines zones. Surtout, le réseau actuel n’anticipe pas toujours le fort développement de la mobilité électrique attendu dans les prochaines années. Un sous-dimensionnement de nature à décourager certains acheteurs de passer à la voiture électrique.

Les collectivités, piliers du déploiement

Face à ce constat, les collectivités locales apparaissent comme des acteurs incontournables de la structuration du réseau public. Leur rôle est double : identifier les besoins de recharge sur leur territoire et intervenir directement ou en partenariat pour équiper la voirie et les espaces publics. Le maillage d’un territoire en bornes de recharge ne peut être laissé au seul marché privé. Il doit être planifié, en fonction des usages, des flux, mais aussi des enjeux d’accessibilité et d’équité territoriale.

Car un bon réseau de charge public ne se limite pas à installer des bornes sur les grands axes. Il doit aussi permettre la recharge résidentielle en voirie pour les usagers sans solution de stationnement, offrir des solutions à destination à proximité des équipements municipaux, des lieux touristiques ou de loisirs, et prévoir des hubs de recharge dans les zones d’intermodalité comme les gares ou les parkings relais. Ces infrastructures doivent aussi être pensées pour s’adapter à différents besoins : charge lente, rapide ou ultra-rapide, signalétique claire et accessibilité pour tous.

Un diagnostic local, première étape vers un réseau efficace

Avant toute implantation de bornes, il est indispensable de réaliser un état des lieux des infrastructures existantes sur le territoire. Cela inclut non seulement les bornes publiques, mais aussi celles installées dans les hôtels, les restaurants, les centres commerciaux ou sur les autoroutes. Cette cartographie permet d’identifier les zones blanches ou sous-équipées, les points de saturation potentiels, mais aussi les synergies possibles avec des équipements déjà présents. En croisant ces données avec les besoins exprimés par les citoyens ou les entreprises locales, les collectivités peuvent définir une stratégie d’aménagement cohérente.

Les collectivités ne sont évidemment pas seules à supporter l’investissement. De nombreux dispositifs existent pour soutenir les projets d’infrastructure, notamment les aides issues des Certificats d’économies d’énergie (CEE) ou du programme national Advenir qui propose une prise en charge partielle des coûts d’installation.

Advenir Formations : un outil pour passer à l’action

Piloté par l’Avere-France, le programme Advenir Formations a été conçu pour répondre aux besoins des décideurs locaux en matière de mobilité électrique. Il s’adresse à tous les agents de la fonction publique d’État et territoriale, quels que soient leur profil ou leur niveau de connaissance. L’objectif est de permettre à chaque collectivité de monter en compétence pour concevoir et mettre en œuvre des projets concrets.

Jusqu’à fin 2025, plus de 1 500 sessions sont prévues, en présentiel ou en distanciel, sur l’ensemble du territoire. Sur-mesure, ces formations durent une à trois heures et abordent plusieurs thématiques clés : réglementation, bonnes pratiques, aides disponibles, retours d’expérience, structuration du réseau ou encore concertation locale.

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